La précarité menstruelle est un sujet complexe qui a le désavantage d’être peu visible alors qu’il est très impactant pour les femmes.
La précarité des jeunes et des étudiants est fortement corrélée à leur budget serré. Selon IPSOS, près de trois quarts (72%) des jeunes ont déclaré avoir rencontré des difficultés financières avant la crise sanitaire en 2020.
Dans ce contexte tendu et délicat, la question du budget étudiant est au cœur de la problématique, avec des conséquences multiples et souvent peu visibles au grand public telles que la précarité menstruelle. En effet, une file d'attente d’étudiants devant une soupe populaire ou des dons alimentaires est une image évocatrice, alors que renoncer à s’acheter des protections hygiéniques passe inaperçu.
On estime le coût des protections périodiques à plus de 675 euros par an, une dépense significative notamment dans un budget étudiant. Cette situation met davantage les jeunes femmes en situation de précarité, les amenant fréquemment à devoir faire un choix entre l’achat de protections périodiques et d’autres dépenses essentielles comme la nourriture, le transport, le loyer, etc.
La précarité menstruelle restreint également l’accès à une meilleure santé en raison de la toxicité des produits jetables premiers prix. Au-delà des aspects financiers et sanitaires, le sujet touche aussi à la dignité humaine lorsqu’on est obligée d’effectuer des choix qui vont à l’encontre de nos besoins fondamentaux, les protections menstruelles étant des produits de première nécessité.
Parmi les alternatives, les culottes de règles ou les serviettes lavables semblent le meilleur choix pour la santé et l’environnement. Or, il faut investir dans des kits de 5 à 6 pièces coûtant entre 20 et 30 euros chacune. Par faute de moyens financiers, ces solutions sont donc inaccessibles pour beaucoup de jeunes femmes.
L’association Règles Élémentaires, qui distribue gratuitement des protections hygiéniques, dénonce des “bricolages de substitution (avec des mouchoirs, du papier toilette, du papier journal.)". Cela pourrait paraître anecdotique si les impacts n’étaient pas aussi lourds. En effet, le “bricolage” dénoncé prend tout son sens quand nous savons que les infections peuvent notamment provoquer le syndrome du choc toxique.
Une autre conséquence moins connue mais fréquente chez les jeunes filles : le décrochage scolaire tout simplement par manque de protection. « Par inconfort et/ou par peur de se retrouver avec une tache de sang sur le pantalon, certaines jeunes femmes préfèrent éviter d’aller en cours ».